L’audace, « on peux-tu » arrêter de se faire des accroires? (partie 3)

Dans le billet précédent, on vous a dévoilé une formule qui permet de décortiquer l’audace d’être et d’agir.

À la base, on a créé cette formule pour alimenter le contenu d’un atelier qu’Étienne a donné lors de la conférence Femmes leaders, des Événements les affaires.

La réflexion autour de cet atelier s’est étalée sur plusieurs semaines et on l’a fait en équipe. On cherchait une façon de parler d’audace sans tomber dans la prescription d’une capacité à développer pour être plus performants. On voulait aussi être audacieux tant dans le contenu que dans la forme pour cheminer dans notre façon de faciliter un atelier. On voulait que ce soit une expérience pour Grisvert et pour les participants. Surtout, on trouvait que c’était l’opportunité unique de faire preuve d’audace en provoquant un changement dans notre façon habituelle de faciliter pour ainsi faire émerger de nouveaux apprentissages… c’est d’ailleurs ce qui est arrivé!

Grisvert en dehors de sa propre zone de confort…

Pour y arriver, on a décidé ensemble qu’Étienne allait animer l’atelier de 45 minutes les yeux bandés. Dans notre métier de facilitateur, perdre un sens (les yeux par exemple) peut constituer un réel défi. La première chose qu’on tente de faire quand on démarre avec un groupe c’est de connecter avec le cœur des gens. Et souvent, ça passe par le contact visuel. Non seulement ça nous rassure de voir qui est dans la salle, mais ça permet de créer une interaction et une relation de confiance avec les personnes. Souvent on va rire avec eux pour détendre l’atmosphère, relater une histoire personnelle ou un fait de l’actualité, etc. Et le groupe aime croiser un regard rassurant.

Dans le cas de l’atelier, quand on a débuté, Étienne a figé. Perte de repère, devant les 200 participantes. Il faisait son introduction et expliquait le but de l’atelier de façon claire, mais il n’avait pas connaissance qu’il se retournait tranquillement face au mur, plutôt que de rester devant l’auditoire. Il faisait tout sauf créer le lien. C’est Caroline qui est intervenue, avec humour pour le replacer devant le groupe. Ce simple geste a dégelé l’atmosphère et a permis aux participantes de rire avec nous et de connecter avec lui. Tous ont embarqué dans le jeu, compris le malaise qu’il pouvait ressentir, et du même coup compris ce qu’on cherchait à faire. Elles ont rapidement adopté une posture participative et solidaire.

Ainsi, le nouvel apprentissage que nous avons fait grâce à cette expérience, c’est la découverte de la force de la vulnérabilité pour générer de la confiance, de la solidarité et un engagement de la part des participants.

Et si la formule devenait un outil de transformation pour vous aussi?

Audace ƒ(x) IHZ × C > P

Lors de cette journée des Femmes Leaders, on a invité les participantes à repenser à leurs propres contextes organisationnels et de tenter de voir comment, en tant que leader elles peuvent faciliter des contextes qui permettent de créer des idées audacieuses et d’augmenter le courage d’agir. Les questions à partir desquelles on a travaillé sont les suivantes :

  • Que pouvez-vous faire pour stimuler les membres de votre équipe à générer des idées qui les sortent réellement de leur zone de confort?
  • Comment pouvez-vous aider les membres de votre équipe à faire davantage preuve de courage?

Suite à cette réflexion collective à 200 leaders, voici quelques éléments de contenu que nous avons recueilli :

1) Pour stimuler des idées hors zone…

  • Permettre des rencontres imprévues et des moments de collaboration entre collègues et avec les clients pour échanger des idées folles
  • Avoir un fou du roi qui challenge et rebondit sur les idées des autres
  • Décloisonner la réflexion : impliquer les employés qui ne sont pas dans la première ligne de gestion
  • Être clair sur l’intention et les objectifs
  • Avoir une connaissance et une compréhension de la zone de confort de chacun et s’épauler quand vient le moment d’en sortir
  • S’accorder des temps morts
  • Se donner du temps sur une base régulière pour développer une culture organique
  • Sortir du cadre habituel : environnement autre que le lieu de travail pour créer de nouvelles conditions
  • Intégrer les plus silencieux (introvertis)
  • Au-delà de la critique, faire partie de la solution
  • Développer son vocabulaire : ne pas dire « non, mais », favoriser plutôt la discussion en utilisant des formules ouvertes comme « et si… »

2) Pour aider à faire davantage preuve de courage… 

  • Faire en sorte que les essais et erreurs fassent parie intégrante de la culture organisationnelle
  • Mettre en place un filet de protection : « Tu peux échouer, l’équipe est là pour toi »
  • Encourager la mise en action et la prise de risques
  • Accepter les risques des échecs éventuels
  • Reconnaitre le courage – success stories d’audace
  • Avoir confiance (en soi et en son équipe)
  • Créer une zone sécuritaire pour que les gens soient à l’aise de s’exprimer
  • Démystifier les peurs en osant en parler
  • Mettre la reconnaissance à l’ordre du jour
  • Encourager à faire des petits pas
  • Accueillir les peurs
  • Célébrer les bons coups
  • Jumeler des gens plus craintifs avec des moins craintifs : formule mentorat
  • Développer un esprit d’équipe fort

Boucler la boucle avec l’audace

On n’a certainement pas fini d’entendre parler d’audace dans le monde des affaires. Avec cette série d’articles, on a souhaité poser un regard éclairé et critique sur la thématique.

Peut-être vous demandez-vous, au bout de ces trois billets, ce qu’il y a à retenir? Pour ceux qui aiment les synthèses minimalistes, voici notre propos en trois points :

  1. Nous sommes tous audacieux, c’est dans notre ADN. C’est ce courage de faire autrement qui permet à l’espèce d’évoluer… Déjà d’Être vous même, dans votre entièreté au travail, est audacieux! Cela vous mènera inévitablement à dire et à faire des choses audacieuses. Vous nous en reparlerez!
  2. Dans un contexte organisationnel, l’audace ne repose pas seulement sur le dos des individus, mais bien sur la création d’un contexte favorable à faire émerger et à accueillir les idées audacieuses des équipes.
  3.  On peut être audacieux dans le contenu et dans la forme, à condition que ça fasse du sens. On s’est bandé les yeux pour voir autrement, pas pour avoir l’air audacieux. On vous a laissé ci-haut quelques suggestions pour créer des conditions favorables à l’audace dans vos propres milieux.

Une dernière chose… l’audace c’est aussi le moment où on se dit j’y vais, je le fais! Il suffit de se faire confiance. Alors, qu’attendez-vous ?

Fin

Ce billet a été rédigé par Michèle Barsalou et Caroline Durand et la notion de l’entièreté a grandement été inspirée par Frédéric Laloux dans son livre « Reinventing organizations »

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