Comment faire de Saguenay une ville écoresponsable?

Nous vous proposons de plonger dans l’un de nos mandats qui a débuté en 2011 et qui s’est vu aboutir tout récemment avec la diffusion de son Plan de développement durable 2016-2026.

Notre mandat était d’accompagner une municipalité (ville Saguenay) dans sa démarche globale de développement durable afin que celle-ci devienne une organisation écoresponsable au cours des prochaines années.

La démarche retenue par les dirigeants de la ville a ceci de particulier : pour eux, la participation et l’implication du plus grand nombre possible des 1500 employés dans l’élaboration de ce plan de développement durable était une condition de succès incontournable. Ils sont convaincus que c’est la seule façon d’arriver à faire évoluer la culture corporative et les comportements de leurs employés malgré l’avis de certains « experts » qui prônent une approche traditionnelle beaucoup plus « top down ». Pour eux, l’enjeu était de savoir comment y arriver! Comment « CO-CRÉER » un plan de développement durable avec le plus grand nombre d’employés possible afin de maximiser l’adhésion et de diminuer la résistance face aux changements de comportements à venir.

Plan serré sur le forum des employés (printemps 2011)

6 et 12 avril, 8 h 30 : les portes s’ouvrent pour laisser entrer les participants qui affichent un air déconcerté! Une salle immense, un grand cercle de chaises… des tables qui brillent par leur absence, pas d’écran de projection… la musique du Cirque du Soleil surprend… Les gens sont invités à prendre place et l’initiateur de cette rencontre se présente au milieu du cercle…

Silence. Vous imaginez la scène?

C’est ainsi qu’employés, gestionnaires et élus municipaux de cette ville québécoise ont vécu leur premier contact avec l’approche du Forum ouvert.

« Comment faire de notre ville une organisation écoresponsable? » était la question posée aux participants. Lors de chacune des rencontres, trois rondes ont permis de produire plus de 20 rapports d’ateliers, affichés comme il se doit pour consultation.

En fin d’après-midi, les participants ont travaillé leur engagement personnel en précisant ce qu’ils allaient faire personnellement pour faire leur part et ainsi devenir des travailleurs plus écoresponsables. Ils l’ont ensuite énoncé en petits groupes de 4 à 5 personnes, question d’en faire une affaire publique. Dans le cercle de fermeture, certains ont annoncé leurs engagements pour stimuler le passage à l’action de la part de l’ensemble des participants.

Suite à l’invitation de la direction, plusieurs se sont portés volontaires pour participer à la seconde phase : la priorisation des idées et à l’établissement des différents plans d’action.

Ce premier forum a rassemblé les employés des différents services de a Ville (travaux publics, communications, police, immeubles et équipements motorisés, arts, génie, etc.). La méthode du Forum Ouvert se prêtait bien pour ce type de rencontres parce que les gens arrivent avec des préoccupations et des questions qui leur tiennent à cœur et pour lesquelles ils ou elles auront la possibilité d’échanger parce qu’une fois sur place, ils construiront ensemble le programme de la journée.

D’une journée à l’autre, les sujets proposés se sont principalement regroupés autour de la récupération des objets désuets, de la politique d’achats locaux, du registre des arbres urbains patrimoniaux, de la santé (exercice, alimentation) sur le lieu de travail, de l’eau potable, des ressources en ligne, de la récupération de papier, du règlement d’urbanisme vs l’écoresponsabilité, des produits dangereux, du compostage, des transports alternatifs, de la pollution lumineuse, de la protection des rives, du programme d’Intégration et d’Implantation architecturale et de la culture comme pilier du développement durable.

Au sujet de la culture, une participante a partagé au groupe qu’il est important de savoir que le développement durable ne concerne pas uniquement l’environnement, mais aussi toute la notion de culture, qui est trop souvent oubliée. Elle a d’ailleurs dit ceci :

« Développer durablement les organisations, les milieux de vie, les populations est la somme de trois sphères. Sociale, économique et environnementale. En effet, en mettant en relation ces trois facteurs de développement, nous produisons des activités, des réflexions et des actions qui respectent la vie, le développement économique (moteur de notre monde) et les liens sociaux entre les individus. »

Elle a précisé que la culture représente ce qui définit une société, ce qui procure un sentiment de bonheur, d’accomplissement de soi et social, qu’elle représente la participation à la vie citoyenne et l’inclusion sociale. Selon cette participante, la culture est un outil de développement personnel, et un moyen de développer le sentiment d’appartenance, d’identité, donc un outil de développement durable.

Au sortir de cette expérience, ce fut riche pour les participants et pour nous. La démarche s’est poursuivie avec les forums citoyens (printemps 2012) et le forum des organisations (automne 2012). Le dernier forum a permis de prioriser et de mettre en oeuvre le Plan qui a vu le jour en décembre 2015.

4 commentaires

  • Jean-Pierre Attard dit :

    Chers amis,

    vous faites saliver l’autre côté de l’Atlantique!
    Merci de ce partage qui donne à phosphorer…

    Beau we à tous

  • Jean-Sébastien Bouchard dit :

    Beau we à toi aussi Jean-Pierre. Et au plaisir de se revoir bientôt!

  • Adriana Diaz-Berrio dit :

    Bravo! Je suis très heureuse de savoir que le FO a servi pour prendre des décisions pour une plus grande responsabilité dans le sens du développement durable.
    Depuis que j’ai connu le FO j’ai immaginé que ce serai une excellente pratique, justement pour exploiter le potentiel des groupes pour trouver des solutions et ainsi améliorer nos relations avec la nature. Et je vois ici un exemple justement de FO sur ce sujet!

    Je veux vous partager mon expérience récente dans un environnement où le respect mutuel, la collaboration, la présence à l’autre et l’écoute ont été favorables aux échanges. Cela s’est passé dans le cadre du Colloque tenu à Montréal les 7 et 8 avril sur les groupes de codéveloppement.
    J’ai beaucoup appris et découvert des expériences si enrichissantes des participants venus d’ici et de la France.
    J’ai été touchée par la reconnaissance exprimée aux initiateurs de cette méthode. Adrien Payette m’a dit qu’au début il n’aurait jamais pensé que sa démarche deviendrai si utilisée et que son influence durerait si longtemps. Un peu la même chose que dit Harrison Owen, le créateur du FO. Pour lui, il s’agissait au début d’une expérience d’alternative à un type de congrès et maintenant cette expérience se refait toujours avec des résultats stimulants.
    Je pense que les personnes ont besoin de pouvoir s’exprimer et de participer dans la prise de décisions des aspects qui leur tiennent à coeur et c’est pourquoi je vous félicite de votre travail car vous ouvrez la voie à que cette possibilité ce réalise.
    Adriana Diaz-Berrio
    http://www.diazberrio.com

  • Etienne dit :

    Merci Adriana pour ton commentaire! Les groupes de co-développement sont aussi très puissants et permettent de redonner la responsabilité aux participants. Longue vie aux approches collaboratives et souhaitons-nous que les leaders d’aujourd’hui aient le courage de les initier!